Mais comme il était beau dans la belle saison, le soleil du Bon Dieu qui appartient à tout le monde dans la solitude des champs ! Le site où est niché Bartrès possède ce charme singulier que l'accoutumance, loin de l'user, souligne et renforce. Aucun contraste saisissant ni même une opposition de nuances. Seulement cette sorte de paisible solidité qui tient à la disposition alternée, non pas régulière mais harmonieuse, des bouquets d'arbres et des cultures le long des douces pentes qui dévalent du plateau.

C'est une vision de calme, un paysage bien fait, juste de lignes et de tons. Tout en vallonnements boisés, ses courbes se relaient suavement, s'enchaînent sans se heurter ni se nuire. Et si vos pas vous conduisent vers les crêtes si proches que vous croiriez les toucher de la main, le bleu des Pyrénées où le Viscos semble un toit de grange pointé vers l'azur vous tendra soudain sa puissance de rêve, comme un piège.

Mais non. Ce n'est pas ici une terre où l'on rêve. Le mouvement des choses y possède un centre. Moutonnement pressé des fougeraies sur les côtes, champs de maïs qui sont des forêts de courtes piques à banderoles, prairies comme de moelleux tapis jetés partout nonchalamment, et enfin, piqués çà et là comme par hasard, chênes et châtaigniers aux larges panaches et pommiers croulants de fruits : tout ce qui est vivant aboutit sur un rythme léger, ravissant d'aisance, à cette vallée au vert intense qui est le point de jonction et comme le nœud des collines. Refuge exquis, dépression accueillante, confluent des verdures, quel emplacement idéal pour l'église, avec son encadrement de maisons comme une garde d'honneur pour la majesté de Dieu !