C'est une vision de calme, un paysage bien fait, juste de lignes et de tons. Tout en vallonnements boisés, ses courbes se relaient suavement, s'enchaînent sans se heurter ni se nuire. Et si vos pas vous conduisent vers les crêtes si proches que vous croiriez les toucher de la main, le bleu des Pyrénées où le Viscos semble un toit de grange pointé vers l'azur vous tendra soudain sa puissance de rêve, comme un piège.
Mais non. Ce n'est pas ici une terre où l'on rêve. Le mouvement
des choses y possède un centre. Moutonnement pressé des fougeraies
sur les côtes, champs de maïs qui sont des forêts de courtes
piques à banderoles, prairies comme de moelleux tapis jetés
partout nonchalamment, et enfin, piqués çà et là
comme par hasard, chênes et châtaigniers aux larges panaches et
pommiers croulants de fruits : tout ce qui est vivant aboutit sur un rythme
léger, ravissant d'aisance, à cette vallée au vert intense
qui est le point de jonction et comme le nud des collines. Refuge exquis,
dépression accueillante, confluent des verdures, quel emplacement idéal
pour l'église, avec son encadrement de maisons comme une garde d'honneur
pour la majesté de Dieu !
